Désir de l’analyste et la traversée de la misère

Résumé

Donner ou ne pas donner un reçu ? C'est une question qui a raisonnablement troublé les psychanalystes sur la contingence de l'acte analytique et sa cohérence par rapport à la politique de l'inconscient. Mais ces procédures relèvent-elles de l'éthique de la tactique du transfert ou concernent-elles les exigences de la cité, en pointant le risque sournois d'une régulation de la psychanalyse ? Certes, le discours analytique trouve sa radicalité et son efficacité dans la promotion d'un tournant dans l'économie de la jouissance du sujet, par l´engendrement dans un nouveau dispositif, à partir duquel il est possible de soutenir un métier pas à partir de relations d'échange, mais au travers de la valeur digne du déchet que l'expérience d'une analyse peut produire. En s'appuyant sur une formation de l´inconscient et sur le film d'Agnès Varda " Les glaneurs et la glaneuse" (2000) pour déployer la déduction selon laquelle le désir d'être analyste s'opère et se produit à partir d'une traversée de la misère, cet article vise à témoigner du fait que c'est parmi les glaneurs que doit s'inscrire l'acte économique de l'analyste. Autrement dit, que c'est à partir des restes, des morceaux et des fragments qu´il y peut extraire des ressources pour maintenir l'enseignement et la transmission de la psychanalyse.