Entre savoir et vérité sur les femmes incarcérées dans la justice brésilienne

quelle est la place du sujet ?

Résumé

Lacan nous enseigne que le savoir et la vérité du sujet ne sont pas complets, ils ne sont pas tous, affirmant ainsi le manque. Quels seraient alors les effets de l’absence d’espace d’écoute en contexte carcéral ?

Lors d’une enquête de terrain en contexte carcéral, plusieurs agents m'ont dit que je ne devrais pas écouter ce que disent les femmes, car elles mentent et inventent des histoires pour prétendre être innocentes et gagner leur liberté. Les mécanismes constitutifs de ce système ignorent leurs justifications pour des actes interprétés comme criminels – l’exclusion discursive – ainsi que la suppression de leur droit à exister dans la société – la sujétion civile. Incarcérées en vertu de la loi antidrogue de 2006, elles sont condamnées sur la base de ce que disent d'autres : des officiers de la police militaire, qui procèdent à l'arrestation des délits, des témoins rarement désignés par eux ou leur représentant légal, des procureurs et des défenseurs publics, ainsi que des psychologues et des travailleurs sociaux.

Cependant, en écoutant ces femmes, j’ai observé qu’elles étaient confrontées au dilemme : succomber à la loi de la polis ou affirmer leur désir. Quel choix ? Est-il possible de se réconcilier? Motivée par l'étonnement de l'affirmation selon laquelle ces femmes sont des criminelles, avec pour effet le plus cruel de rendre leur vie infâme et l'allongement conséquent de la peine, je propose que, tout comme Antigone, en rapportant la justification de leurs actes, en après le crime, elles ont soutenu leur désir dans l'action, transgressant le modèle de ce que signifie être une femme.