L’inceste: le tabou d’Œdipe. Quand la fonction du “au moins un” échoue

Résumé

Lacan a su très tôt mettre en évidence les effets dévastateurs de l’inceste, en plaçant cette question en termes de ravage. En général, celle-ci semble être la référence la plus couramment utilisée dans les cas d’inceste pour expliquer la gravité symptomatique des patients. Toutefois, lorsque Lacan développe le nœud borroméen dans le Séminaire 22 (Complexe d’Œdipe — la réalité psychique freudienne), il attribue à l’interdiction de l’inceste un caractère structurant et symbolique, puisque, selon les termes de Lévi-Strauss, c’est la norme/intervention (à la fois universelle et particulière) ce qui permet le passage de la nature à la culture. Ces références nous obligent alors à revoir la question de l’inceste dans les termes logiques des formules sexuation, et non pas dans son sens descriptif, ce qui rend visible la défaillance structurelle de la fonction d’“au moins un” (mise au point au cours de Séminaires 18, 19 et 20), ses implications au niveau du Complexe d’Œdipe (comme le quatrième noeud qui noue les trois registres) et des politiques de jouissance. Sans aucun doute, la femme comme objet de jouissance — tel qu’elle est décrite dans le Séminaire 14 —, ainsi que les les contributions récentes de Silvia Federici à propos des femmes, du corps et de l’accumulation
originaire seront des thèmes importants à analyser pour comprendre la place des femmes et du capital dans cette question aussi étrange que menaçante.